Selon une récente étude américaine réalisée auprès d’une population exclusivement féminine, les “oiseaux de nuit“ auraient plus de risques de souffrir de dépression que les lève-tôt.

Et si on se couchait tôt le soir pour se lever en pleine forme le matin ?

Après quatre années de travail et d’analyse, les chercheurs de The University of Colorado Boulder et du Brigham and Women’s Hospital of Boston ont finalement réussi à démontrer qu’il existe bel et bien un lien entre chronotype et troubles de l’humeur. En effet, ces scientifiques affirment désormais que notre tendance à préférer être du matin ou du soir peut avoir de réelles conséquences sur notre humeur quotidienne.

Pour en arriver à de telles conclusions, les chercheurs américains ont mené une étude auprès de 32 000 infirmières âgées de 55 ans en moyenne, qui ne présentaient aucun signe de dépression. Afin de faciliter l’analyse des données récoltées pendant ces quatre années, les scientifiques ont décidé, au début de l’analyse, de classer les infirmières en 3 catégories : 37% d’entre-elles se considéraient du matin, 53% se décrivaient comme “intermédiaires“ et les 10% restant se disaient plus du soir.

Après quatre années d’analyse, les scientifiques ont finalement remarqué que les femmes dites “noctambules“, c’est-à-dire celles qui étaient plus du soir que du matin, étaient plus susceptibles de vivre seules, de devenir fumeuses et de développer des habitudes de sommeil dites irrégulières. Outre ces facteurs relevants du style de vie et de l’environnement qui pouvaient influencer par la suite l’apparition de signes dépressifs, les chercheurs ont également noté l’importance du facteur chronotype. En effet, en comparant les données, les scientifiques ont remarqué que les “lève-tôt“ avaient entre 12% à 27% de risques en moins de souffrir de dépression comparé aux “intermédiaires“, et que les personnes “couche-tard“ avaient toujours quant-à-elles, 6% de risques supplémentaires par rapport aux “intermédiaires“ de connaitre une phase de dépression.

Pour que ces résultats soient viables, les chercheurs de The University of Colorado Boulder et du Brigham and Women’s Hospital of Boston ont évidemment pris en compte les autres facteurs qui peuvent jouer un rôle dans l’apparition d’une dépression : les facteurs dits biologiques, psychologiques et environnementaux.

Comment expliquer l’influence du chronotype sur notre santé mentale ?

Il existe aujourd’hui plusieurs possibilités afin d’expliquer l’influence du chronotype sur nos troubles de l’humeur. En effet, selon les chercheurs de The University of Colorado Boulder et du Brigham and Women’s Hospital of Boston, il semblerait que tout soit une question de génétique et d’exposition à la lumière.

Du point de vue génétique tout d’abord, il est important de souligner que nos tendances à être plutôt du matin ou du soir sont principalement déterminées par nos gènes. En effet, la génétique joue un rôle  déterminant dans l’apparition d’un dnachronotype, qu’il soit tardif, intermédiaire ou matinal. Mais, ce que l’on ignore bien souvent c’est que certains gènes, qui déterminent notre chronotype, jouent également un rôle dans l’apparition d’une dépression. Céline Vetter, auteure principale de cette étude, a notamment déclaré que  l’influence du chronotype sur les risques de dépression “pourrait être lié au chevauchement des voies génétiques associées au chronotype et à l’humeur“.

D’autre part, les chercheurs soulignent également l’importance de l’exposition à la lumière. En effet, la  quantité et la qualité de lumière que nous recevons tout au long de la journée influencent à la fois notre chronotype mais également les risques de dépression. Les personnes qui souffrent le plus souvent de dépression sont les personnes qui vivent entourées de lumièressun artificielles plutôt que de la lumière naturelle riche en vitamines et en énergie. Les personnes qui vivent avec les écrans et les lumières artificielles ont donc plus souvent tendance à adopter un chronotype tardif et sont donc plus susceptibles de souffrir, un jour ou l’autre de dépression.

Actuellement, la part de responsabilité de ces deux facteurs reste encore à déterminer. En effet, Céline Vetter rappelle justement que la prochaine étape dans ce processus de recherche consistera à séparer précisément l’exposition à la lumière et la génétique du chronotype afin d’évaluer en détail le risque de dépression.

Comment éviter la dépression en étant “couche-tard“ ?

Afin de rassurer les “oiseaux de nuit“, Céline Vetter déclare que tous les noctambules ne sont pas déterminés à souffrir de dépression. En effet, il est important de rappeler que toutes les personnes au chronotype tardif peuvent essayer d’inverser la tendance.

Pour éviter de tomber en dépression, les “oiseaux de nuit“ peuvent par exemple :

alarm-clock Prendre l’habitude de se coucher à heure fixe

bicycle-rider Pratiquer une activité physique et régulière le matin ou l’après-midi

sun (1) Profiter un maximum de la lumière naturelle de la journée

smartphone-call Se déconnecter des écrans au moins 1h avant d’aller se coucher

L’objectif de cette étude était simplement de démontrer que le chronotype faisait partie des facteurs à risque à prendre en compte en cas de dépression. Comme le dit si bien Céline Vetter, “le chronotype est pertinent lorsqu’il s’agit de dépression mais il a un effet réduit“.

Quelques chiffres

  • Une étude qui repose sur les données de 32 000 infirmières âgées de 55 ans en moyenne.
  • Parmi les 32 000 infirmières, 37% se considéraient du matin, 53% se décrivaient comme “intermédiaires“ et les 10% restant se disaient plus du soir.
  • Selon cette étude, les lève-tôt ont 12% à 27% de risques en moins de souffrir de dépression par rapport aux “intermédiaires“.
  • Les “couche-tard“ ont 6% de risques supplémentaires de connaitre une phase de dépression.

Source

  • Etude réalisée par les chercheurs de The University of Colorado Boulder et du Brigham and Women’s Hospital of Boston