Pourquoi sommes nous autant fatigués mentalement après une longue journée de travail ? L’effort cognitif aurait-il un effet néfaste sur notre cerveau ?

Nous connaissons tous la fatigue de fin de journée. Après plusieurs heures passées à travailler nous n’avons qu’une seule envie : rentrer, manger, nous mettre dans le canapé devant une série et mettre notre cerveau en mode pause.

La fatigue mentale n’est pas une légende. Il s’agit d’un épuisement mental qui s’installe progressivement et qui nous empêche d’être efficace et rationnel(le). La prise de décisions est plus difficile et nous devenons partisans du moindre effort. Cette fatigue mentale est un fait (même si elle est encore beaucoup jugée). Néanmoins, une question demeure; comment peut-on expliquer rationnellement l’existence de cette fatigue mentale? Et existe-t-il des solutions pour l’éviter ? Des chercheurs français ont essayé de nous apporter une réponse dans une nouvelle étude parue dans la revue Current Biology

Fatigue mentale : un cerveau épuisé par l’effort intellectuel 

Etre fatigué(e) en fin de journée ne relève pas de la fainéantise. Cela en surprendra plus d’un, mais selon cette étude, notre cerveau serait bel et bien épuisé parce qu’il doit recycler des substances toxiques accumulées lorsque nous réfléchissons. La fatigue mentale aurait donc une explication purement scientifique et biologique.

Afin d’obtenir ces résultats, les chercheurs ont utilisé ce que l’on appelle la spectroscopie par résonance magnétique (SRM). Ils ont analysé pendant plusieurs heures, 40 participants, répartis en 2 groupes distincts : 

  • 1er groupe : des personnes qui devaient fournir un important effort d’attention
  • 2ème groupe : des personnes qui avaient des tâches relativement plus faciles à réaliser

Après 6 heures d’épreuves et grâce à la SRM, les scientifiques ont finalement remarqué des différences entre les 2 groupes. Après un effort intellectuel les personnes du 1er groupe présentaient des niveaux plus élevés de glutamate. Cette molécule quand elle se trouve accumulée en excès, altère le fonctionnement des neurones ainsi que le contrôle des décisions. Au final, ces personnes manquaient de rationalité dans leurs choix, elles étaient plus impulsives et plus le temps avançait, plus elles cherchaient à réduire leurs efforts.

Pour résumer, il semblerait que le fait de fournir un effort intellectuel intense déclenche l’accumulation de ces substances toxiques comme le glutamate dans le cerveau. Et c’est ce mécanisme de régulation du glutamate qui fini par altérer le fonctionnement du cerveau.

Comment l’éviter?

“Des théories bien connues ont suggéré que la fatigue est une sorte d’illusion fabriquée par le cerveau pour nous faire arrêter ce que nous faisons et nous tourner vers une activité plus gratifiante. Mais nos résultats montrent que le travail cognitif entraîne une véritable altération fonctionnelle – l’accumulation de substances nocives – et la fatigue serait donc bien un signal qui nous pousse à arrêter de travailler, mais dans un but différent : celui de préserver l’intégrité du fonctionnement du cerveau“ Mathias Pessiglione, co-auteur de l’étude et directeur de Recherches à l’Inserm 

La première chose reste évidemment de s’écouter. Dès que vous ressentez cet épuisement et cette envie d’arrêter de réfléchir, posez-vous un instant. Changez de tâche, prenez une pause, ne forcez pas. Comme le disent les scientifiques, c’est un signal qu’il faut écouter, qui nous permet de préserver l’intégrité du fonctionnement de notre cerveau.

Il est vrai que la fatigue mentale est encore mal vue aujourd’hui, notamment en entreprise. Et pourtant, si l’on en croit les résultats de cette étude, elle permettrait d’éviter les erreurs d’inattention, le manque de motivation et le manque d’efficacité. Si vous écoutez votre corps, votre cerveau, vous faites une pause et vous ne perdez pas plus de temps sur une tâche qui vous bloque. Si vous forcez, vous risquez de perdre du temps, de perdre en motivation, et de prendre de mauvaises décisions.

De tels résultats auront peut être un jour un impact sur notre façon de travailler. Ils amèneront peut être de nombreuses entreprises à comprendre l’intérêt de mettre en place des temps de pause, des siestes au bureau, … La fatigue n’est pas un signe de fainéantise ou de paresse. La fatigue est un signal d’alerte qui provient de notre corps. C’est le signal qu’il est l’heure d’arrêter, de se reposer et de faire autre chose. Ne voyez plus votre fatigue comme une signe de faiblesse, prenez la en compte et acceptez la.